Du 1er vendémiaire an VII (22 septembre 1798) jusqu'au 7 Thermidor an VIII (26 Juillet 1800), tous les mariages du canton ont été célébrés à Bovelles. À ma connaissance, il n'existe que deux de ces mariages qui concernent des habitants de Ferrières :
1/ le 10 prairial An VII, mariage à Bovelles de Pierre Paul BOQUILLON, demeurant à Ferrières, et de Catherine ROBLOT, demeurant à Saveuse.
2/ le 30 nivose An VIII, mariage à Bovelles de Charles François DESAINTFUSCIEN, demeurant à Ferrières, et d’Élisabeth LESOBRE, demeurant à Clairy.
L’AVENTURE PARISIENNE DES SŒURS LÉRAILLÉ
Ça a débuté comme ça : J’étais en train de numériser les mariages de l’état-civil de Ferrières, lorsque je suis tombé sur un acte daté du 18 janvier 1847 qui m’a surpris et intrigué. Il s’agit du mariage de Félix Jumel et de Marie Thérèse Postel. Tous deux nés à Ferrières, ils habitaient respectivement 94 rue du Temple et 12 rue Chanoinesse, en plein cœur de Paris ; lui était garçon épicier et elle fille de boutique d’épicerie !
De plus, Isaïe Postel, frère de Thérèse et témoin à son mariage, demeurait 12 rue Chanoinesse à Paris, lui aussi ; il était marchand épicier et vraisemblablement l’employeur de Thérèse. Je devais retrouver Isaïe quelques temps plus tard, plus précisément au mariage de sa sœur aînée Marguerite le 13 février 1852 à Ferrières. Il y est témoin, là encore, et indique chantre comme profession. Un Ferriérois épicier et chantre à Paris, il y avait de quoi piquer ma curiosité. Cela devait me conduire à rechercher et découvrir l’histoire d’une famille.
Une histoire dont les sœurs Léraillé sont les actrices, et Isaïe Postel et Félix Jumel les metteurs en scène. Je ne sais pas quand Isaïe est parti à Paris, mais il s’y marie le 7 mai 1835 avec une dénommée Marie Bruneau. Quelques années plus tard, Félix Jumel le rejoindra dans la capitale. Isaïe a fait venir sa sœur près de lui et Félix l’épouse en 1847.
Mais l’histoire ne s’arrête pas là. Le 17 avril 1849, Lucien Léraillé épouse, à Ferrières, Zélie Jumel, la sœur de Félix. Ils auront trois filles, toutes trois nées à Ferrières :
Marie [Aurélie], le 29 janvier 1853,
Maria [Ernestine], le 18 août 1857
et Gabrielle [Émélie] le 10 avril 1859.
Impossible de savoir comment et quand la chose s’est faite, mais la famille Léraillé va quitter Ferrières. Elle n'apparaît plus dans le recensement de 1872. On la retrouve en région parisienne où les trois filles vont se marier. À son mariage, le 11 juin 1881, Marie, passementière, vit chez ses parents, 35 route de la Reine à Boulogne-Billancourt. À 28 ans elle épouse Jean Roy, un passementier de 39 ans originaire de Saint-Léger-Vauban dans l’Yonne.
L’année suivante, toujours à Boulogne-Billancourt, sa sœur Maria, passementière comme elle, épouse, le 10 juin 1882, Gustave Amédé, un représentant de commerce de 35 ans.
Finalement, le 3 mars 1884 et à la mairie du 2e arrondissement de Paris, Gabrielle, passementière comme ses sœurs, épouse un employé de commerce de 26 ans. C'est François Roy, le frère cadet de Jean Roy. Elle est alors domiciliée à Paris, 59 rue de Cléry. Ses parents sont repartis à Ferrières. Lucien Léraillé y décédera peu après, le 11 décembre 1885, et plus tard sa femme, Zélie Jumel, le 3 juillet 1903.
Je crois que Jean Roy et Marie Léraillé n’ont pas eu d’enfant. Du moins, je n’en ai pas trouvé trace. Par contre, Gustave Amédé et Maria Léraillé auront deux garçons, le premier, Georges, né le 22 mai 1884 et le second, Louis [André] né le 4 décembre 1885. De son côté, François Roy aura de Gabrielle Léraillé un fils Lucien né le 13 janvier 1894.
En 1906, Gabrielle Léraillé apparaît dans le recensement de Ferrières ; elle est rentrée au village avec son fils Lucien. Je n’ai rien trouvé concernant son mari, François. Est-il mort, sont-ils séparés ? Sa sœur également est revenue, avec Jean Roy, son mari. Une dizaine d'années plus tard, Maria Léraillé, veuve de Gustave Amédé, décédé le 6 septembre 1916, les aura rejointes. Les trois sœurs finiront leur vie dans cette maison située à l'actuel numéro 5 de la rue Alexandre Paillart et qui appartient alors à leur oncle Félix Jumel.
Que dire encore ? Lucien Roy épousera Jeanne Helluin à Ferrières le 28 mai 1923, un an après ils auront une fille Christiane. Celle-ci épousera Laurent Lenne à Amiens, mais reviendra finalement habiter, avec lui, la maison de sa grand-mère à Ferrières. Elle est décédée depuis peu. Quant à Louis Amédé, d’un second mariage avec Marie Marion, originaire de Puy-l'Évêque dans le Lot, il aura deux enfants : Michel et Thérèse Amédé. Ils viendront passer leurs vacances à Ferrières et certains d’entre nous les ont connus.
Pour en revenir aux instigateurs vraisemblables de cette longue escapade parisienne…
Le couple Isaïe Postel – Marie Bruneau aura une fille, Alexandrine, née le 22 février 1840 à Paris (9e) et un fils, Désiré [Amédée] né le 13 juin 1844. Alexandrine épousera Alphonse Fournier, mandataire aux Halles. Ils auront un fils Georges né en 1860 et une fille Marguerite née en 1864. Leur fils épousera une demoiselle Marthe Olida et deviendra par la suite, président directeur général des Établissements Olida. Isaïe Postel est décédé à Paris (4e) le 26 janvier 1864.
Outre un enfant mort-né inhumé à Ferrières le 25 octobre 1848, je n'ai trouvé qu'une fille issue du couple Félix Jumel – Marie Postel. Cette fille, Marie Ernestine, est née le 6 juin 1854, 110 rue du Terrier à Vincennes où ses parents demeurent. Le 10 juin 1875, elle se marie à la mairie du 17e arrondisssement de Paris, avec Charles Massignon, né à Paris. À son mariage, sa famille demeure 32 rue Cardinet, Paris 17e. Lucien Léraillé, son oncle par alliance, est témoin. Il habite alors Boulogne-Billancourt, 48 avenue des Princes (l'actuelle avenue Robert-Schuman). C’est au 32 de la rue Cardinet que Marie Ernestine décèdera le 20 juillet 1876.
Plus tard, Félix Jumel et Marie Postel se retireront à Montmorency. Félix est descendant d’une famille de charrons et de maréchaux dont on trouve les origines à Frémont un hameau de Vaux-en-Amiénois. Curieusement dans l’immeuble qu’ils habitent, 18 place du marché à Monmorency, vit aussi une dénommée Désirée Jumel. À son décès, le 23 mai 1881, son frère Pierre, un charron de 54 ans est témoin. Leur père, Jean Antoine Jumel, était lui-même charron à Saint-Mesmes (77). Je n’ai trouvé aucun lien entre les Jumel de Vaux-en-Amiénois, et ceux de Saint-Mesmes, mais je reste persuadé qu’ils étaient parents.